vendredi 18 septembre 2009

I just say « I want to fuck you »



Retranscrire les émotions (ou pas) que l’on ressent à la lecture d’un livre est un exercice difficile. Donner envie de lire un ouvrage l’est sans doute un peu moins. Je suis pour ma part conseillé par une maman qui est « in the biz » puisque bibliothécaire et à chaque « que me conseilles-tu » de ma part, j’ai droit à un benchmark fourni et actualisé de petites pépites littéraires.

Il m’arrive aussi de faire mes courses tout seul. C’est le cas de ce Gainsbourg sans filtre de la collection Pop Culture chez Flammarion. Notons au passage que cette remarquable collection spécialisée dans les bios de personnages torturés, a réédité « L’instinct de mort » de Mesrine ou publié la bio, violente comme un coup de poing, d’Anthony Kiedis le chanteur des Red Hot (2 ouvrages que je vous recommande par ailleurs).

Revenons à l’homme à la tête de chou. Je n’ai pas connu l’époque Gainsbarre et tout ce que je connais du personnage me vient de la mythologie collective nourrie depuis sa mort par la société française.

C’est en gros ce que l’auteur, Marie Dominique Lelièvre, veut répudier en proposant une biographie « underground » de Lucien Ginzburg.

Que se soit au travers de ses conquêtes, de ses petits boulots, de la décoration de sa maison rue de Verneuil, ou de sa bibliothèque, elle va piocher dans du « concret » pour nous livrer une vision, que nous espérons la plus proche possible, du personnage.

Le but n’est pas de désacraliser, mais plutôt de nous présenter un Gainsbourg plus humain et tordre le cou à certaines idées reçues. Elle revient, de manière très précise, sur des anecdotes ou des faits que nous ne connaissons pas forcément et qui nous amènent à penser que l’homme était un composé de plusieurs personnages assez complexes. ( Sa maniaquerie excessive, sa peur de la solitude, un irrépressible besoin de reconnaissance et d’amour).

L’auteur insiste beaucoup sur l’enfance et l'adolescence de Lucien, qui selon elle et malgré ce qu’il a pu en dire en public, sont les gênes du mal être de Gainsbourg qui l’a poursuivi toute sa vie. Pour elle, le vrai Gainsbourg a peri à cause des excès du Gainsbarre qui était en perpétuelle représentation. C’est ce qui en fait un personnage si attachant :

« A l’intérieur de Gainsbarre, un être vivant s’est débattu avec bravoure. Un humain sans identité qui respirait encore péniblement se rechargeant d’alcool et de tabac. On peut être martyr sans être un saint »

L'artiste continue d'inspirer, au travers notamment de son histoire mythique avec BB, toute une génération d'artistes. Avant de découvrir leur romance sur grand écran en 2010, je vous invite à vous procurer dare dare le nouvel album de Scarlett Johansson (en collaboration avec Pete Yorn) librement inspirée de cette love affair.



Ps: Merci à PJ "The Battling Club Street" Arzens pour ses précieuses découvertes. Welcome in the blogosphère man.


6 commentaires:

Anonyme a dit…

j'aime ca!!!(avec les 2 pouces)
cot'

Jean Baptiste Brunet a dit…

Ouéch ouéch

audrey a dit…

une très belle analyse....
je ne lis pas beaucoup de bio mais promis si je dois en lire une, eh bien, je commencerai par celle ci !!!
merci

Jean Baptiste Brunet a dit…

@Audrey: C'est vraiment bien écrit, accessible et passionnant. Bref, un amuse bouche nikel avant de se lancer dans le Napoléon Bonaparte en 4 tome de Max Gallo...

Mamounette a dit…

amounette a dit :"Qu'est-ce qu'il attendent pour t'embaucher au mag littéraire ?" Le sujet est inspirant et le livre renvoie au très beau portrait (pour une fois pas gnangnan du tout) que nous venons de voir à la télé -sur la 2 peut-être. Gainsbarre est grincant, Gainsbourg un génie mélodiste ! Comment était-il au quotidien ?

Jean Baptiste Brunet a dit…

@mamounette: Ah ah, j'ai également vu ce reportage sur France 2 qui consacre une large part à sa première épouse Elizabeth, pour un de ses premiers passages télé.
Quant à ta question, je te pretterai volontiers le bouquin....